Vraiment, Manon Lescaut est un roman d’une qualité exceptionnelle, aussi touchant que palpitant, aussi drôle qu’intelligent. Mais tout le monde ne s’en rend pas compte. C’est pourquoi j’ai pensé qu’il valait la peine de rédiger de façon très complète au moins l’une des explications que j’ai prévu de proposer à mes élèves. Il faut découvrir ce roman génial ! Voici donc l’explication du passage où Grieux finit par accepter une très indécente proposition de son beau-frère.

On aura compris qu’en bleu clair sont des éléments de méthode, que les passages écrits en plus petit sont des compléments facultatifs, et qu’évidemment l’explication qu’on attend des élèves ne peut tenir les dix minutes imposées à l’épreuve du baccalauréat qu’en faisant une sélection drastique parmi la quinzaine des remarques principales ici proposées.

J’espère aussi que j’aurai réussi à montrer un peu qu’on peut mener une analyse serrée et précise d’un texte littéraire sans excès de technicisme, que l’analyse de ce qui se passe entre un texte et son lecteur n’a rien d’un bavardage fumeux, et qu’il n’a rien d’un équarrissage froid et mécanique qui veut détruire toute sensibilité. En particulier, j’espère avoir montré qu’on peut n’accorder que très peu d’attention à ce qu’on appelle la question générique, et qui occupe aujourd’hui dans les études littéraires une place exorbitante : peu nous importe en effet la place qu’occupe Manon Lescaut dans l’histoire du genre romanesque, dès lors qu’il peut nous apporter un peu de plaisir et un peu d’intelligence du monde.

D’autre part, j’invite vivement mes lecteurs à reprendre tout ce qui leur apparaîtrait cuistre, inexact, oiseux, ou totalement inaccessible à l’esprit de jeunes gens dont la tête est bien faite — j’ai eu aussi l’immense et invraisemblable prétention de veiller à ce que tout ce qui est présent dans ce cours soit exprimé de façon accessible à des lycéens vraiment motivés.

P.S. du 10 octobre 2024 : le texte ci-dessous a été légèrement amendé. J’ai d’autre part mis en évidence, par la couleur violette, ce que j’ai pu sélectionner pour faire tenir l’explication en 10 minutes. J’ai d’autre part placé dans un autre article un enregistrement de la dite explication, afin que mes élèves disposent d’un exemple oral de l’explication qu’on pourrait attendre d’eux. Cet enregistrement est toutefois un chouïa trop long (pour la faire tenir dans les dix minutes canoniques, il suffit de retirer la conclusion, tout à fait facultative). D’autre part, il présente l’énorme défaut d’être presque intégralement lu à partir d’un travail rédigé ; quand j’en trouverai le temps, j’en enregistrerai une à partir de notes, comme il est possible de le faire le jour du baccalauréat.

Voir aussi l’enregistrement de cette explication au format baccalauréat.