Il existe une certaine logique dans le système de la conjugaison française. On croit parfois qu’il s’agit d’un ensemble de règles et d’exceptions si hétéroclites qu’il est impossible pour l’esprit de les saisir logiquement, donc de les comprendre, et donc de les apprendre, sinon dans la difficulté et la souffrance. En réalité, on peut y distinguer une véritable structure, avec une règle générale, et des exceptions, mais des exceptions liées à la structure de la langue. Pour l’essentiel, ces exceptions sont des marques distinctives, des espèces d’ornement qui signalent en quelque sorte qu’un verbe est lui-même exceptionnel dans la langue, qu’il est au fondement de la structure du verbe français.
Ces exceptions concernent en effet d’abord les verbes être, avoir, aller et faire, qui sont des auxiliaires ou des quasi auxiliaires de la conjugaison française. Elles concernent aussi les verbes modaux fondamentaux pouvoir et vouloir, ainsi que le verbe dire, verbe fondateur lui aussi de la structure de la langue, dans la mesure où c’est en quelque sorte le verbe qui permet de parler de la parole, d’introduire le discours indirect. Les autres exceptions peuvent être assez aisément reliées à la logique de transcription orthographique de la langue parlée, comme on le verra ci-dessous : il tend, il vainc ; j’ouvre, je cueille.
Peut-être ces explications peuvent-elles être utiles pour aider les professeurs et les élèves à mieux appréhender le système de la conjugaison française et à entretenir avec elle un rapport plus serein, alors que beaucoup peinent à la comprendre, et donc à l’apprendre.
N.B. : Il manque ici une réflexion plus développée sur le lien entre la forme écrite de ces marques de personne et leur forme parlée ; elle ne saurait tarder trop longtemps.