Histoire du français

Le document ci-joint est le plan d’un cours que je prodiguai voilà quelques années. Il est incomplet, et comporte sans doute quelques approximations : il mériterait encore pas mal de retouches; mais c’est surtout le plan d’un livre à écrire. L’originalité de ce cours, c’est qu’il essaye de donner un aperçu de diasystèmes successifs, du latin au français. J’y distingue d’abord une période proprement latine d’une période proprement française, en considérant Charlemagne comme le point de bascule entre ces deux «hyperdiasystèmes», ces deux langues au sens le plus large qu’on puisse donner à ce terme.

Rien d’original là-dessous. Mais on notera quand même l’importance que j’accorde, dans ma description historique de la langue, à l’organisation politique — ce en quoi je rejoins en partie l’approche de Cerquiglini dans La naissance du français. Et j’utilise l’articulation avec les systèmes politiques pour envisager un tout petit plus finement l’évolution du latin, puis du français. De façon assez proche de ce que propose Banniard (Du latin aux langues romanes), je distingue dans l’histoire du latin avant le français, trois époques articulées aux systèmes politiques : le latin d’époque républicaine, le latin impérial et le latin mérovingien. C’est sans doute relativement artificiel ; mais c’est assez commode dans une première approche. Ainsi, les évolutions phonétiques, morpho-syntaxiques, lexicales que nous étudions nous paraissent prendre une coloration plus «concrète» : les évolutions étudiées peuvent donner le sentiment de connaître un peu plus une véritable langue, telle qu’elle a été parlée et écrite. Il s’agit en fait de donner corps aux concepts relativement abstraits de la linguistique historique — et d’essayer de saisir un peu mieux de véritables systèmes linguistiques qui se succèdent.

De même, nous considérons, à l’intérieur du français, que l’articulation entre ancien français et moyen français peut être assez commodément reliée au changement de dynastie en 1328, que les débuts du français moderne — le français classique — est à relier aux Bourbons. Cela nous donne en fait les moyens de reconstituer un peu la langue d’une époque, et en particulier de lire les textes de cette époque d’une façon pas trop invraisemblable au plan linguistique. On acquiert ainsi, me semble-t-il, des éléments précieux pour l’interprétation des textes littéraires de chacune des époques envisagées : il s’agit de donner prise sur le maelström continu de l’évolution linguistique.

Enfin, cette approche nous permet de mesurer l’effort d’apprentissage, en le structurant de façon assez rationnelle : on peut envisager l’étude des domaines gigantesques du lexique ou des évolutions morphologiques ou phonétiques sans vertige : chaque ensemble considéré est d’une mesure raisonnable, et posséder une seule de ces briques donne immédiatement la satisfaction de connaître partiellement mais vraiment une langue à une époque donnée.

Mais encore une fois, ce que vous trouverez ci-dessous a tous les défauts d’une ébauche.

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